Il vous est sans doute déjà arrivé d’entendre un morceau à la radio et que celui-ci vous en rappelle un autre. Plagiat ou hasard? La ligne peut être extrêmement mince entre le vol d’idée et la coïncidence. Dans un monde où le partage et la reproduction numérique dominent, les artistes doivent être plus vigilants que jamais pour protéger leur créativité et éviter de s’approprier celle des autres. Leur allié : le droit d’auteur.

Droits et propriété 101

Selon Artère, le droit d’auteur «désigne l’ensemble des droits dont jouit le créateur sur ses œuvres originales […] Peu importe ce qui survient […] on devra toujours reconnaître que l’auteur détient le droit exclusif de reproduire son œuvre créatrice ou de permettre à une autre personne de le faire.»

En musique, cela concerne essentiellement les droits d’exécution (exécution en public) et les droits de reproduction (enregistrement sonore). La propriété intellectuelle se définit quant à elle par tout ce qui est relatif à la création de l’esprit : «les inventions, les œuvres littéraires et artistiques, mais aussi les symboles, les noms, les images et les dessins et modèles dont il est fait usage dans le commerce.»

À partir du moment où une œuvre est fixée de manière tangible (enregistrement, sauvegarde, support écrit ou autres), son créateur en détient automatiquement les droits. Il doit toutefois enregistrer ses droits auprès d’une organisation (OPIC, SPACQ, SARTEC) afin de légalement documenter et prouver sa propriété intellectuelle.

Du privé au domaine public

Au Canada, la durée du droit d’auteur est de 70 ans après le décès du créateur. Une fois cette période écoulée, l’œuvre devient du domaine public.  Ainsi, dans la plupart des cas, n’importe qui peut enregistrer, copier, modifier, adapter et utiliser une telle œuvre sans autorisation. La chanson Für Élise de Klô Pelgag est un bon exemple de ce phénomène. L’artiste, qui reprend sous une forme adaptée la fameuse pièce de Beethoven parue en 1810, n’a pas eu à obtenir d’autorisation. À l’inverse, il existe des situations plus délicates qu’on peut qualifier de plagiats involontaire ou non intentionnel. On pense notamment à Hubert Lenoir et la chanson Fille de personne II qui, selon des internautes, aurait de grandes similitudes avec le refrain de Sur la route de Gérald de Palmas, sortie en 1995. Hubert Lenoir affirme catégoriquement qu’il ne connaissait « pas Gérald de Palmas avant que quelqu’un fasse la comparaison environ un mois après que Fille de personne ne soit sortie ».

À qui la faute?

Ce cas soulève la complexité du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle en musique. Qu’arrive-t-il lorsque deux artistes ont simplement eu la même idée? Ne se pourrait-il pas qu’une mélodie s’apparente à une autre ayant déjà été composée, et ce, par pur hasard? N’y a-t-il pas déjà des centaines de progressions d’accords identiques les unes aux autres? C’est probable, mais il demeure que les artistes ne sont pas à l’abri d’une poursuite bien qu’ils soient de bonne foi, car le droit du premier créateur prime aux yeux de la loi. En général, les experts et les musicologues chargés d’analyser les œuvres qui font l’objet d’une poursuite s’appuient sur des éléments tels que la mélodie, les rimes, le rythme, la progression d’accord, le ressenti et le tempo, les deux derniers étant plus difficiles à prouver. En voilà un grand nombre de vecteurs pouvant causer des similarités entre deux pièces! De plus, le milieu musical étant saturé, les moyens de diffusion de plus en plus éclatés et considérant que l’art est souvent le produit d’influences externes, il peut être difficile pour un artiste de savoir lui-même si son œuvre est vraiment originale.

Le processus créatif doit donc s’inscrire dans une démarche d’intégrité, d’honnêteté et de respect du travail d’autrui. Ceux qui cherchent la voie facile du copier-coller risquent de se faire taxer d’avoir une attitude contre-créative. Qui aurait cru que composer une chanson pouvait être aussi risqué?

Quelques cas célèbres de plagiat

Voici maintenant quatre cas tristement célèbres de plagiat, passant de Radiohead à Vanilla Ice.

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